Prendre le clavier ….comme on prenait la plume avant, dans un autre âge, à peine dépassé puisque fondamentalement rien n'a changé...sur nos terres humaines.
Dire juste les labours à l'intérieur, les terres retournées sous des socs glacials et coupants. Le mal qui s'invite sans qu'on y prenne garde, qui se multiplie parce qu'on croise dans les regards la peur, l'envie de vengeance, la haine, le racisme et des phobies sans nom qui nous font basculer.
On reçoit les mots noirs, à vif dans la lourdeur des jours..
On a la tête qui tourne et les larmes non contenues, incontournables, qui roulent comme l'écume sur les plages désertes.
Les plages des fraternités sont vides ce soir....mais le murmure de la mer coure dans ma mémoire, je la sens qui est là, à m'accompagner dans ce voyage turbulent, continue, à jamais présente et ivre de beauté...
Les images de terreur, de souffrance ont traversé nos salons, nos chambres et creuser jusque dans nos lits.
Je me fais apostropher avec mes espérances solidaires, non violentes, comme si était attendue la preuve triomphante : comment ce que j'essayais d'expliquer petitement et mal probablement, pouvait il tenir devant des faits aussi graves, aussi douloureux?
Devant la réalité âpre et rugueuse comme la pierre à angles aigus et noirs.
Je suis déroutée...sans plus trouver les mots. Ma boussole s'agite et son oscillation vibre dans cette nuit immédiate, où la lumière vacille. Je veux garder le cap et rester dans le vaisseau sans jamais obturer mon regard ni coudre mes paupières.
je ne partage pas leur colère ce dont je m'étonne, mais leur tristesse est mienne. Je les rejoins dans l'innommable. Mon coeur se serre devant ces événements pourtant annoncés. On y est. Mais on y était déjà avant.
La liste s'allonge, je pense aux guerres ici et là sur tous les continents, aux enfants qui s'enlisent dans les immondices et s'anéantissent dans nos servitudes, aux arbres que l'on couche, aux animaux qu'on agenouille, aux femmes qui meurent sous les coups, aux ouvriers dans les mines rares, aux .... La liste se déroule sur un long ruban noir et détourne ma respiration.
Que d'attentats contre la vie, que de rudesse...Je sais qu'ils ont coupé les blés pas encore mûrs parce qu'ils voulaient du pain...et les moulins ne moudront que les amertumes sous des ciels de cendres.
Je partage l' incompréhensible, mais, je redis inlassablement qu'il n' y a qu'un chemin pour arriver à la paix, et bien vite, en même temps, combien c'est difficile, pour que tombent les kalachnikov ett s'ouvrent les mains et les coeurs comme des fleurs au fond de la nuit, dans des espérances fragiles.
Que nous reste il donc ?
A regarder plus loin, plus haut sans jamais se départir de l'horizon charnel....
A se remonter les manches et devenir des Petits Princes aux mains calleuses pour apprivoiser les roses de nos jardins intérieurs sachant que les épines égratigneront longtemps notre intelligence et notre coeur sur des chemins de solitude froide.
Journée du13 novembre 2015.
Marie Odella